Gigantopecten restitutensis (Fontannes, 1884)
FONTANNES, F. 1884. Sur une des causes de la variation dans le temps des faunes malacologiques, à propos de la filialion des Pecten restitutensis et latissimus. Bulletin de la Société Géologique de France [3ème Série], 12: 357-364 [p. 357, pl. 16, fig. 1]
1884 Pecten restitutensis Fontannes, 1884
F. Fontannes, 1884, plate 16.
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«Il est peu de régions, dans le bassin méditerranéen, où la Mollasse à Echinolampas hemisphaericus ne renferme un Pecten généralement désigné sous le nom de Pecten latissimus, Brocchi, et qui, en effet, présente une grande analogie avec le type pliocène des environs de Sienne. Le bassin du Rhône ne fait pas exception et la Mollasse à Oursins et grands Peignes de Saint-Paul-Trois-Châteaux (Mollasse à Pecten praescabriusculus) en a livré de nombreux exemplaires.
Bien que les Lamellibranches jouissent généralement d'une aire géologique et géographique beaucoup plus étendue que la plupart des Gastéropodes, il n'en est pas moins étonnant de rencontrer, près de la base de la Mollasse helvétienne, une espèce subapennine, cantonnée dans un dépôt d'une faible épaisseur, et qui, après cette courte apparition, disparaît du Sud-Est pendant toute la fin de l'époque miocène, pour y revenir ensuite avec la faune pliocène de Saint-Ariès. Des représentants de ces deux phases si distinctes de l'histoire du groupe du Pecten latissimus, se rencontrent en assez grande abondance dans les environs de Saint-Restitut (Drôme): au sommet de la colline, dans la Mollasse calcaire, c'eux de la phase miocène accompagnés de Peignes de grande taille, Pecten solarium var., P. sub-Holgeri, — à la base, au milieu des sables de rivage du golfe de Saint-Ariès, le type subapennin comptant de nombreux spécimens, dont quelques-uns, malgré leurs dimensions, sont d'une remarquable conservation. Si l'on compare avec soin les individus provenant du premier de ces horizons avec ceux fournis par le second, on ne tarde pas à constater des divergences sensibles et surtout très constantes, qui, au premier abord, s'effaçaient devant l'analogie des caractères les plus saillants. Ces divergences m'ont engagé, en 1881, à distinguer sous le nom de Pecten restitutensis la forme miocène, que je rattachai à titre de variété au P. lattissimus (1). Je ne ferai pas ici la description du Pecten latissimus pliocène, connu de tous les géologues, et dont on trouvera sur la planche qui accompagne cette note, une figure plus complète ou plus exacte que celles publiées jusqu'ici (Pl. XVI, fig. 2.). Le Pecten restitutensis, qui est aussi représenté dans toutes les grandes collections et figuré même planche, figure 1, en diffère par une taille notablement moins grande. Cette divergence ne saurait être imputée à des influences de milieu, ainsi qu'on est en droit de le faire, par exemple, pour les mollusques de la mollasse de Cucuron, où presque toutes les espèces acquièrent un développement inusité (2). Le Pecten restitutensis est accompagné de Peignes dont les dimensions dépassent sensiblement les siennes: le Pecten lattissimus, au contraire, n'est escorté que d'espèces de petite taille. L'exemplaire le plus développé que j'aie rencontré du premier, mesure 143 millim. sur 160; le second atteint 222 millim. sur 260. Le contour du Pecten restitutensis est toujours plus ou moins oblique, le côté antérieur étant sensiblement moins élargi que le côté postérieur. Cette obliquité semble d'ailleurs, au moins chez un certain nombre de Peignes du Sud-Est, un caractère ancien qui se perd peu à peu, à mesure qu'on s'élève dans la série des formes néogènes. Le Pecten praescabriusculus de l'Helvétien inférieur est très oblique; les Pecten du groupe du P. scabriusculus de l'Hélvétien supérieur le sont beaucoup moins, et je pourrais citer d'autres exemples.. Les oreillettes sont proportionnellement plus développées chez le Pecten restitutensis, où elles atteignent les 55 centièmes du diamètre antéro-postérieur. C'est là un fait qui n'est pas isolé et j'ai déjà signalé une divergence semblable entre les formes miocènes et les formes pliocènes du groupe du Pecten benedictus (3). La sculpture extérieure, si elle, n'offre pas de différences constantes au point de vue du nombre et de la disposition des côtes, en présente une très sensible par contre en ce qui concerne les costules qui couvrent les côtes et leurs interstices; ces costules ordinairèment si nettes, si nombreuses sur le Peigne subapennin adulte, sont le plus souvent rares et très obsolètes chez le Peigne miocène.» (1) Les Mollusques pliocènes de la vallée du Rhône et du Roussllon, t. II, p. 186.
(2) v. Étude IV: Les terrains néogènes du plateau de Cucuron, p. 50 . (3) V. Étude III: Le bassin de Visan, p. 84. FRANCISQUE FONTANNES, 1884
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«G. restitutensis appartient à la lignée des Gigantopecten noduleux qui comprend aussi G. nodosiformis (Pusch, 1837) du Burdigalien-Messinien et G. latissimus (Brocchi, 1814) du Pliocène inférieur et moyen.
G. restitutensis adulte se caractérise par : – sa grande taille: la plus grande valve connue a un DUP de 18 cm et la plus grande des valves mesurées dans le présent travail a un DUP de 16,8 cm; – son disque au contour plus ou moins variable: il peut être presque circulaire ou être plus ou moins étiré dans le sens antéro-postérieur (DAP); – sa valve droite (Figs 3E; 7B; 8A) modérément convexe, au crochet dépassant à peine la ligne cardinale. Elle compte, en moyenne, six côtes radiaires dont quatre principales. L’oreille antérieure est découpée, à sa base, par une encoche byssale plus ou moins développée mais, en général, peu profonde ; – sa valve gauche (Figs 3C, D; 7A, E; 8B, D) au sommet présentant une partie plano-concave ou «coup de pouce» correspondant au stade pectinoïde (Bongrain 1988) du développement ontogénique des Gigantopecten. Ce stade mesure, en moyenne, 1,57 cm (Tableau 3). Il est suivi d’une zone noduleuse plissée, formée, en général, de trois rangs de nodosités costales creuses, séparées par des sillons concentriques. Cette morphologie correspond au stade pyxoïde du développement (Bongrain 1988). Par la suite, la valve devient modérément et régulièrement convexe. Le nombre de côtes radiaires est, en moyenne, le même que celui de la valve droite (Tableau 3), les deux côtes postérieures plus fines étant logées dans une gouttière radiaire. Les aires latérales, non surélevées, portent deux ou trois costules. On observe rarement des costules intercalaires dans les intervalles alors que, chez G. nodosifomis et G. latissimus, ces dernières recouvrent côtes et/ ou intervalles. Il faut noter aussi que quelques rares valves adultes montrent, au bord palléal, un bourrelet gérontique. Le décompte des arrêts majeurs de croissance permet d’estimer que les plus âgés sont morts aux environs de huit ans.»
BONGRAIN, M. 2013. Les accumulations de Gigantopecten restitutensis (Fontannes, 1884) (Mollusca: Bivalvia: Pectinidae) dans le Burdigalien supérieur des carrières de Ménerbes et de Lacoste (Vaucluse, bassin d’Apt, SE France): analyse et hypothèse explicative. Geodiversitas, 35 (3): 607-628, figs. 1-9. [p. 619]
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Gigantopecten restitutensis (Fontannes, 1884); M. Bongrain, 2013, Les accumulations de Gigantopecten restitutensis (Fontannes, 1884) dans le Burdigalien supérieur des carrières de Ménerbes et de Lacoste, figures 3, 7, 8.
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«Fontannes avait fondé son espèce sur une belle valve droite de la mollasse calcaire de Saint-Restitut. (Collections de l'École des Mines.) Nous avons examiné, en outre, une série d'échantillons du Burdigalien de la vallée du Rhône et du Languedoc. (Collections de la Faculté des Sciences de Lyon) (pl. XIX, fig. 1).
Sans alteindre les dimensions gigantesques de Ch. latissima, la variété restitutensis atteint cependant jusqu'à 180 mm. de d. a. p. Comme le dit Fontannes, la forme burdigalienne est un peu plus oblique, mais, outre que ce caractère est difficilement utilisable (valves incomplètes ou déformées), il est sujet à variations; lé rapport de la partie postérieure à la partie antérieure varie de 80 à 89, tandis que pour Ch. latissima il varie de 90 à 100. D'après Fontannes les oreilles seraient relativement plus grandes chez restitutensis; les mesures ne vérifient pas ce caractère, d'ailleurs très variable. Il faut remarquer que l'oreille postérieure est à peu près constamment la plus grande des deux. L'ornementation radiale est absente ou très obsolète, et localisée aux côtes. Le contour et la convexité de restitutensis correspondent tout à fait à ceux de latissima. Étant d~nné la grande différence d'àge, il y aura intérêt à fonder sur les petites différences indiquées ci-dessus, une var. restitutensis FONTANNES, dans le cadre de la grande espèce Ch. latissima. A l'Helvétien cette variété ne se retrouve plus dans la vallée du Rhône, mais existe dans la Méditerranée (sables du Mt Vallassa et à la colline de Turin: var. praecedens SACCO), dans le domaine atlantique (Touraine et Aquitaine). Il apparaît donc que l'idée de considérer restitutensis comme ancêtre de Ch. latissima soit soutenable, comme le voulait Fontannes. Par contre, il n'est pas possible de souscrire sans réserves aux considérations de Fuchs, qu'il rapporte dans le même article. En effet, la variété courante dans le Miocène (2e étage méditerranéen) du Bassin de Vienne, de Pologne et des parties orientales de la Méditerranée, est bien nettement séparée, et correspond à P. nodosiformis (DE SERRES) PUSCH = P. latissimus BR. var. austriaca KAUTSKY.» ROGER, J. 1939. Le genre Chlamys dans les formations néogènes de l'Europe. Conclusions générales sur la répartition géographique et stratigraphique des Pectinidés du Tertiare Récent. Mémoires de la Société Géologique de France [Nouvelle série], 17 (2-4): 1-294, pls. 1-28. [p. 40, 41]
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Ch. latissima Br. var. restitutensis Fontannes; J. Roger, 1939, Le genre Chlamys dans les formations néogènes de l'Europe, plate 19, figure 1.
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